Tuesday, February 27, 2007

Chicago, IL. Chicago ??

Aujourd'hui, grands départs, que je mets bien au pluriel, puisque Jean-Roch part pour un séminaire à Genève pendant 2 semaines, j'en profite donc pour aller à Montréal voir enfin Amos installé là-bas depuis 1 an, et bien sûr Alex. Incroyable coïncidence, un cousin Christophe et sa future femme Hélène viennent d'y arriver pour 9 mois (merci Vince pour l'info). MAIS ! Retard au départ de Santa Barbara, je me ronge les ongles en attendant de savoir si arrivée à San Francisco j'aurai ma correspondance. Course dans les couloirs, finalement j'arrive à temps et j'embarque pour Chicago, 2e et dernière escale avant Montréal. Arrivée aux environs de Chicago, nous tournons beaucoup en rond et le commandant de bord nous annonce à plusieurs reprises qu'il va avoir des difficultés pour atterrir à cause d'une tempête qui sévit depuis plusieurs heures au-dessus de l'Illinois... Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir quitter mon douillet 20°C californien ensoleillé pour affronter le rigide -15°C québéquoué ? Je passe assez vite fait l'atterrissage limite catastrophe, croisez les bras contre le siège en face de vous et appuyez votre tête sur vos bras. Superzut, je suis "Premier Executive" ce qui fait de moi qq'un de très important qu'on place au niveau de la porte de sortie de secours, sans siège devant. Je dois donc moi croiser les bras sur mes genoux. Ca balotte sévère et je sais pas pourquoi, cette idée stupide me traverse la tête : ouf, j'ai mis un soutif qui tient bien... Je suis folle ? C'est sûr c'est l'ivresse de l'altitude !! On dépressurise !! Plus d'oxygène !! Rien de tout cela pourtant... Curieusement d'ailleurs je suis calme et je regarde du coin de l'oeil mon voisin trop gros pour mettre ses bras croisés sur ses genoux, il n'arrive même pas à les croiser sur son ventre en fait, ni à pencher la tête en avant, quadruple menton oblige... Et je pense des trucs idiots : si on se crash, il a plus de chances que moi de survivre parce qu'il est bien grassouillet et rebondira, ou moins parce qu'il est pas dans la position que l'hôtesse de l'air nous recommande de prendre ? Parfois je me laisse aller à écouter derrière moi des petites phrases choc du genre : "oh my God oh God OOOH GOOOOD", "we'regonnadie-we'regonnadie-we'regonnadie", "please dear Lord be mercyful", "God bless us", BLA BLA BLA... Si God était là mon p'tit pote, il commencerait déjà par pas nous secouer comme des pruniers, alors prie plutôt Airbus d'avoir construit une boîte à voler solide et de pouvoir utiliser ton stetson comme parachute ! Finalement nous atterrissons, non sans craquements et chuintements plutôt inquiétants dans la cabine qui nous brasse comme des yaourts. Mais ça ne s'arrête pas là, car voici ma découverte à Chicago au moment de regarder depuis quelle porte j'embarquerai enfin pour Montréal :



Me voici donc débarquée samedi soir à Chicago la Borsalinienne par -10°C, environ 30 cm de neige dans un des (le ?) plus grands aéroports du monde avec une foule de gens amassés devant les écrans, 10 beaux écrans avec chacun environ une vingtaine de vols... Au fur et à mesure que les secondes passent, tous se mettent à porter en bout de ligne la mention CANCELLED...



Bien sûr, pour une fois, je m'étais dit en partant : oh pas question de m'encombrer de mon gros manteau pendant mes 2 escales, ni risquer d'avoir trop chaud aux pieds avec ces grosses chaussures de rando, cette fois je les enregistre dans mon sac ! Pourquoi cette fois, POURQUOI ??? Pas de panique, les américains sont plutôt stoïques dans ce genre de circonstances et même très aidants. Je passe le détail de l'attente pendant 40 minutes au tel pour avoir un interlocuteur qui puisse me trouver un hôtel pas trop cher, pas trop loin en attendant mon prochain vol que je me suis empressée de faire rebooker, le lendemain, à ... 6h. Je passe également rapidement sur l'attente interminable de la navette qui m'emmènera à l'hôtel, dans un sas en courant d'air à -5°C, la neige sur mes petites baskets en toile, en pantalon en toile et avec un petit sweat-shirt à capuche sur le dos, et les gens qui se bousculent pour rentrer à 37 dans un shuttle prévu pour 15. Aaah le métro parisien, ça me manquait, tiens, pour un peu je choperait bien un accordéon pour jouer un petit air tzigane...
Arrivée à l'hôtel 21h, je prends une douche, ça va mieux, je me colle sous la couette moelleuse devant la tv et j'envoie des emails à droite et à gauche pour avertir de mon "retard". Je prends quelques photos par la fenêtre du parking qui s'enneige à vue d'oeil, de l'eau qui coule sur les vitres et qui gèle tellement il fait froid dehors.



Je mets mon réveil à 3h30 pour la navette de 4h qui me ramènera à l'aéroport, je prévois large à cause de la neige qui continue à tomber, les routes seront sûrement glissantes demain matin... Je peine à m'endormir, je m'enfonce dans le sommeil vers minuit et me réveille en sursaut à 2h du matin, panique, vite, consulter la chaîne météo et regarder les prévisions, une idée terrifiante m'a traversé l'esprit : ET SI ? Et si la tempête durait 1 semaine et que je restais bloquée dans ce stupide (mais néanmoins luxueux) hôtel sans bagages, sans batterie sur mon laptop, toute seule ?
Je ne peux pas me rendormir et décide de me faire un café, je descends dans le hall, des gens attendent la même navette que moi. Et m'assaillent de questions dès le réveil : Ouingshmrlouingshmouingrlouin ? Eh oh on se calme, on retire son chewing-gum de la bouche pour dire bonjour, ok ?? Je suis de mauvais poil le matin alors ne me parle pas. Surtout quand j'ai dormi 2h. En fait j'ai très bien compris la question qui se pose dans le regard interrogateur de tous ces infortunés : malgré les 10 cm supplémentaires tombés cette nuit, est-ce que notre vol décollera ?
Et donc me voilà à nouveau à l'aéroport en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, j'ai 1h30 devant moi, avant de décoller certes, mais aussi 1h30 pendant laquelle le resplendissant ON TIME de mon vol peut subitement se transformer en CANCELLED en une fraction de seconde. Je lorgne l'extérieur d'un air inquiet, que de neige ! Et ça continue à tomber... Est-ce que c'est normal que sur les pistes il y ait des pelleteuses et des chasse-neige au lieu... d'avions ?
Je retrouve certains compatriotes d'hier dans la même situation désespérée de voir leur vol annulé, dont une dizaine de GI's en treillis (eh les mecs, la tenue de camouflage beige sur la moquette bleue, trop naze !) qui m'avaient alors proposé de passer la nuit en leur compagnie dans une des salles d'embarquement, me prêter un sac de couchage et leurs genoux comme oreiller... Hmm no thanks ! Je ne sais pas ce qui m'a fait refuser cette offre si alléchante... Les résidus de l'éducation d'une mère anti-militariste ? L'envie de prendre une douche dans un hôtel ? Mon intuition qui me fait imaginer la tête de mon cher mari après l'avoir rassuré : "oh mon vol était annulé mais t'inquiète, j'ai passé la nuit avec 10 GI's qui ont bien pris soin de moi, j'ai dormi sur leurs genoux, dans un de leurs sacs de couchage" ! Quoi qu'il en soit j'ai refusé hier, mais j'accepte aujourd'hui un café en leur compagnie de bon coeur et avec le sourire (peut-être que, étant militaires, ils ont droit à un traitement de faveur, qui les ferait embarquer à bord du seul avion habilité à décoller pour Montréal, et avec quelques battements de cils, je pourrais arriver à embarquer avec eux en me faisant passer pour la catin du régiment ? En sweat-shirt et baskets, peu de chance...).
Bref pas eu de souci à me faire, puisqu'il est 6h, je suis assise dans l'avion et il décolle. Vite vite, chasser le souvenir de l'atterrissage mouvementé de la veille que j'avais oublié depuis ! Take off and a show, trop peu pour moi, j'ai déjà eu le landing and a sweat, c'est bon ! Ouf on est en l'air, ouf au-dessus des nuages il y a encore le Soleil, ouf en haut l'air est calme, ouf je vais dormir une petite heure...
Ca secoue un peu, ça me réveille en sursaut, je m'excuse auprès de mon voisin un peu étonné que je lui ai arraché la moitié de la peau du bras (eh oui, j'ai arrêté de mon ronger les ongles depuis 1 an !), je bafouille un "mmffsorry" en essayant d'ouvrir les yeux, il me répond un "cé poa groaève" ; j'aurais bien dormi 6 ou 7 h de plus. On est dimanche, il est 8h30 du matin. Et ouf on est à terre, ouf le sol ne bouge pas, ouf j'imagine que je vais récupérer mon sac, que Alex va me récupérer et me faire un bon gros petit déj québéquoué ! Le pauvre ne sera pas au bout de ses peines, moi non plus d'ailleurs (mais vu les dernières 24h j'ai de l'entraînement) car il lui faudra m'attendre 2h sans aucune information, tous les voyageurs de mon avion et moi-même sommes en train d'attendre des bagages qui n'arriveront jamais aujourd'hui... J'ai donc le plaisir pour mon arrivée de passer 2 jours 1/2 au téléphone avec United Airlines à gagner 2 informations : la première, mon sac est soit à Chicago soit à Montréal (je suis assez déçue qu'il ne soit pas déjà arrivé à Singapour) et la deuxième, de taille, les 17 interlocuteurs que j'ai eus sont tous désolés.
Finalement, excédée de l'attente, je finis par retourner à l'aéroport (grâce à Alex, merci encore...) pour le récupérer moi-même dans une salle où environ 450 de ses semblables attendent également de retrouver leur propriétaires impatients. Bref, je ne l'aurais certainement pas récupéré avant une bonne semaine, ce petit aller-retour n'était pas vain !
Enfin, tout est en ordre, et je peux enfin profiter de Montréal !

1 comment:

Anonymous said...

Et bah tu t'en rappellera en tous cas! Décidement, Chicago est un haut lieu de pélerinage pour toi... Et sinon un conseil, pour le retour, garde ton manteau...